vendredi 4 août 2017

La femme emballée


je suis un préambule
une amorce

je prends un café au salon la jambe croisée en attente figée dans une posture convenable en ayant l’air de fixer le plafond
et voilà ce qui est vrai de moi

le bras tordu sous l’échine

j’attends d’accoucher de quelque chose

le fonctionnement est automatique à pistons avec toutes sortes de vibrations bizarres et parfois quelques sons réchappés de la côte se font entendre au plus grand dam de ceux qui pieutent tout autour
les yeux fermés

où est cette réalité que je la chevauche encore et encore
comme des petits bouts de cire qui fondent au soleil

où est cette averse de pommes sur ma tête

dans les livres on indique la manière les écritures savent dire des mots un après l’autre et dès lors le sens se fraie un chemin que je prends par quatre et que je croise et que je tourne en pot
ça me fera des conserves pour l’hiver

comme pour instruire
lever le drapeau de l’invasion
hanter des châteaux de sable
attendre la mer

je pourrais mentir que les oiseaux iraient au sud
iraient au nord

quand la vie va il n’est pas question d’amour sauf si elle s’arrête un instant au pied d’un arbre
quand la vie fait la sieste
que la place est encore chaude
d’odeurs

que je crois te vouloir dans un corps que je renifle affamée
aux petites heures
à voix basse
quand je me demande d’être raisonnable de considérer le temps dans mes calculs en plein dépourvu dans une lutte qui lasse
qui dicte le tranchant

partir rester

je ne sais pas quoi faire de mon désir s’il fallait seulement en faire quelque chose le doute que quelqu’un me l’aurait dit

mais déjà les paupières se font lourdes
voilà de moi la vérité


m’éteindre et revenir identique

mercredi 26 juillet 2017

Mélancolie



j’ai osé creuser dans les labyrinthes
aux fonds des huîtres dormait une perle petite et mordorée comme au fond d’un océan sans bateaux, sans oiseaux pour plonger aux bancs de poissons

des labyrinthes de mots portés aux images
que je ride toujours encore que je m’assèche dans ce temps et que j’écoute Bashung pour tes regards

tus

parlant d’avril dans mes bras parlant de rendez-vous raté

avec des mots encore dans les tubes des corps tous les tubes toujours vierges toujours comme des friches des terrains plein de sauvageries inclassables

j’ai osé traverser la barrière et je m’en mords et je m’en triste de ma femme encore ici pour rien jusqu’au bout essayant de parler les mots

tus


un timbre phosphorescent flottant nulle part





samedi 13 juin 2015

Ça ne se passe plus

la petite étincelle qui enflamme la tête au complet
les pieds qui partent au hasard comme des fous
les rues pleines de passants et les écrans
c'est comme parti tout seul
sans m'en rendre compte
sans laisser de traces

et les tracas aussi
partis aux vents

ce n'était pas des oiseaux mais c'était volage et ce n'était pas un fleuve
le long cours
les long jours
comme un roman écrit trop petit

pas même avec le sérieux officiel de la garde
pas même une main gantée qui accroche une médaille
pas de tapis
pas de service en porcelaine

tout juste comme l'ombre
comme la tête que l'on tourne
qui demande si tu as vu toi aussi
as-tu vu toi aussi
mais nul n'aura jamais vu

je resterai à fixer
guetter le moindre tressaillement
silencieuse
pour revoir l'apparition et me dire que je sais
ah je savais
ah c'était bien ça
je te l'avais dit

mais rien car ça ne revient pas ces choses-là

c'est à contrecœur
à traîner
qu'on tourne le dos



vendredi 18 février 2011

Mais

...ne meurent pas

jeudi 3 septembre 2009

les mots rétrécissent
comme la chair consommée

mardi 1 septembre 2009

Épicentre

la tête me tourne
entre les dents

le coeur depuis longtemps englouti
dans une espèce de hachoir antique
de métal lourd

pour un rien j'ouvre les jambes
dans l'extinction de mon espèce
au lieu de la pomme
Ève mange le serpent

naissance de la muse

mon corps sèche
mollement affolé
plein d'un triomphe exténuant
plein d'arrachées et de sauts périlleux
acrobate de tes mains

je ne distingue plus de mes cris le plaisir et le vertige et les marées noires
sans reflet pour la lune
sans dunes pour la paume
ou mon mal à foutre
ou le sexe amoureux
mon coeur balance
tout par les fenêtres

déjà encore I love you
pour fuir

you feel your bag is empty
mine is loaded
like a gun

the only sound worth listening
those words like fuck
that is good

moitié morte
moitié exaltée
je dois dormir en urgence

lundi 31 août 2009

flotter

renaître fait mal
dans ce qu'il faut tuer
du centre de la tête
cette chose primitive
en barbelé
ajournée constamment
salée excessivement

des viandes dures
à la dent

que renaître
l'horizon frappe du pied
tousse sa cendre
explose en désordre
sans bruit que le sourd
creusé par la paume

commencer par fendre le ventre
la lame en pleine longueur
et les scalps
et les doigts coupés
peu à peu
dénués de l'écorce qui gardait
ensemble
la proie le menteur
peu à peu
dissimulés dans le sang

perdus
que renaître demande des aveuglements
racle l'écume
et puis les spécimens
d'où hurlent les vitres
qui s'enfoncent dans la gorge

pour se taire

devenir lumineux
buée opaque
sans turbulence
sans tomber
ne bouge surtout pas
les lèvres à ta naissance

tu prends la chair
tu l'endosses dans mon ventre
et plus rien ne partira de la femme
ni de l'homme
tas fumant informe
chaud et noir

renaître fait mal
la vie
retouche mon nom

je flotte sans source
maintenant
l'air
souffle un pays
qui saura se taire
pour prier